Jardin Gourmand

ENGAGEMENT – VULGARISATION

Voie de l’intellect et voie du sensible

Complémentarités avec la pensée complexe d’Edgar Morin

 

L’œuvre d’Edgar Morin constitue un socle intellectuel majeur, fédérant chercheurs, universitaires et initiatives culturelles à travers le monde. La Fondation Edgar Morin (FEM) consolide cette dynamique en assumant une fonction essentielle : encourager l’enrichissement continu de la pensée complexe et assurer sa « transmission ». Cette mission relève de la « voie de l’intellect« , indispensable pour garantir la rigueur scientifique des savoirs.

Mais infléchir la trajectoire de l’humanité suppose non seulement de penser autrement, mais aussi de changer autrement, ce qui conduit à accéder à la dynamique vitale de la métamorphose. Edgar Morin a eu la lucidité d’ouvrir un volet complémentaire : la « voie du sensible » particulièrement adaptée à la phase de « vulgarisation ». Il y conjugue « Amour, poésie et sagesse », et appelle à un engagement vécu comme « une fête de la joie, de la communion et du bonheur ». Ses ouvrages, tels que Réveillons‑nous ! ou L’enseignement du futur, prolongent cet appel et esquissent des pistes pédagogiques pour ces métamorphoses à venir.

L’École Buissonnière s’inscrit dans cette perspective. Après une phase expérimentale, elle met désormais ses intuitions, ses procédures et ses supports pédagogiques à disposition pour une diffusion à plus grande échelle. Elle organise non pas des cours ou des stages, mais des rencontres en petits groupes, dans le cadre d’une communauté d’apprenants. Plus de professeurs ni d’élèves : chacun devient compagnon du savoir, puis passeur à son tour.

Et voici quelques repères pour commencer à comprendre un monde tissé d’une infinité de relations

La pensée complexe en quelques mots

La complexité ne désigne pas ce qui est compliqué.
Elle vient de complexus : « ce qui est tissé ensemble ».
Penser complexe, c’est reconnaître que la réalité est un réseau vivant de relations, d’interactions et de contradictions qu’aucune explication unique ne suffit à saisir.

Cette pensée demande une vigilance :
résister aux simplifications, aux certitudes rapides, aux découpages qui rassurent.
Elle repose sur quelques gestes essentiels :

  • penser en systèmes, observer interactions et rétroactions ;
  • tenir ensemble des contraires plutôt que choisir un camp ;
  • contextualiser ce qui est dit, fait ou perçu ;
  • accepter l’incertitude comme part du réel ;
  • discerner sans réduire.

Dans un monde instable, elle devient un art de vivre : comprendre mieux pour agir plus juste.

La mise en pratique

L’enseignement académique transmet surtout la théorie.
L’École Buissonnière, elle, rend la pensée complexe praticable en passant par la voie du sensible.

Dans une cuisine, face à une “mauvaise herbe”, en faisant la vaisselle ou devant un arbre, les ateliers apprennent à chacun à :

  • changer d’échelle,
  • percevoir plusieurs logiques à la fois,
  • relier micro et macro,
  • voir émerger du sens dans les gestes ordinaires.

On entre dans le Pays de l’émerveillement !

  • Un légume devient un acteur d’un écosystème trophique
  • Une mauvaise herbe devient une pionnière.
  • La vaisselle devient un espace de croissance intérieure.
  • Un arbre devient une leçon de relations.
  • Et une dizaine d’autres regards pour chacun de ces exemples

Ainsi, la pensée complexe cesse d’être un concept :
elle devient un réflexe nouveau, naturel, joyeux, opérant.

Un parcours de base en quatre étapes

La première ouvre le regard et le cœur : le déclic de la beauté, de l’émerveillement, de la gratitude, la vie foisonnante sens dessus-dessous conduisant à la joie de vivre poétiquement

La seconde étape entraîne la réflexion pour approcher ce qui est à la source de la joie : alliance avec la Vie, prendre soin du Vivant, trouver sa juste place conduisant à un état amoureux

La troisième consolide : elle permet d’élargir le champ des possibles afin de passer à l’action, ce qui conduit à un état de vivre passionnément, c’est-à dire avec l’élan vital et la curiosité de l’enfance

La quatrième est celle qui conduit à faire la synthèse de tout ce qui aura été découvert pour rédiger sa feuille de route personnalisée. Vient l’état de vivre concrètement donnant toute sa place à l’action habitée.

L’ambition est claire : accompagner chacun vers son accomplissement personnel et collectif, en devenant un citoyen avisé, capable de discernement, de créativité et de joie dans l’action, pour concevoir et animer les structures d’un futur imprévisible.

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